14 juillet 2011

PIERRE WEKSTEIN et Klezmer Nova


Klezmer Nova : quand le jazz est là
Un article de Pascal Szulc - Juillet 2011

Quand le jazz est là, les puristes diront « le klezmer s’en va ». Mais en matière de culture juive, le mot « puristes » est à prendre avec des pincettes. Le big band de Pierre Werkstein, saxophoniste, compositeur et chef d’orchestre du jewish jazz band klezmer Nova (anciennement Orient Express Moving Shnorers) est résolument dans la lignée et la modernité de la tradition klezmer, avec tout ce qu’elle a de nostalgique, de standards, d’invention, et d’apports divers et variés dus aux voyages et migrations, s’enrichissant à chaque fois d’un apport culturel supplémentaire, tels les cuivres à partir de la seconde moitié du XIXème siècle aux Etats-Unis. Olivier Hutman, pianiste génial dit de lui qu’ il a l’essentiel de ses partitions dans son frigidaire. En pleine « masterisation » d’un nouvel album étincelant, Pierre Werkman prend le temps de nous donner l’impulsion, qu’il aime violente dans le swing originel de ce mouvement en plein renouveau. Paix oblige.
Klezmer, mouvement musical lié à la culture yiddish depuis le XVème siècle. Klezmer, musique populaire, musique des villages, des ghettos, des fêtes, musique joyeuse de l’Europe centrale, dont les instruments en cuivre étaient bannis pour des raisons politiques des états dominants, réservant le privilège de ceux-ci aux chrétiens. Klezmer, musique du vent tinté du timbre religieux du Shofar émanant de cette clarinette particulière – à qui souvent on donne le nom de klezmer par erreur, il n’est qu’un adjectif et signifie lui-même instrument- , de l’accordéon, de la flûte et des petites cymbales et tambour, faciles à emporter, pour mieux fuir mon enfant, avec sa culture sous le bras. Puis les cuivres new-yorkais des premiers immigrés du XIXème siècle découvrant le jazz et maintenant cette culture musicale depuis la seconde guerre mondiale et la disparition massive de la diaspora des juifs européens durant la Shoah.
Aux confins de la tradition des villages et ghettos juifs de la Pologne, de l’Allemagne, de la Hongrie et des pays de l’est de l’Europe, des Balkans jusqu’à la Roumanie en passant par l’Oural, entre rituels et prières, judaïsme et religion juive, chacun cherche son chat, ou devrai-je dire, son châle ; celui qui recouvre sa tête le matin au moment des psaumes, celui qui recouvre les mariés au moment des bénédictions nuptiales. Musique des peuples sans être la musique d’un peuple elle est à elle seule une multitude d’interprétations sans en avoir la définition. Il y a comme dans le jazz, des standards comme le fameux « ma Yiddishé mame » repris systématiquement par le « sex bomb » Tom Jones en fin de concert ou « By mir bist du schein » qui fit les beaux jours des Pointer Sisters. La paix aidant, le travail de mémoire et de mémorisation des chants et chansons dans le cadre des associations, le développement des technologies, les vagues de retours aux sources, le klezmer musique, reprend force et vigueur, se modernise à l’instar des Sophie Solomon, Socalled, Klezmatics et Klezmer Nova.
On ne vit pas en France de cette musique, même si « les yeux noirs » ou « Socalled » font salles pleines. Cette musique, fondamentale dans les apports qu’elle a donné au jazz, au même titre que les cultures issues d’Afrique noire et les apports de la musique classique (qui reste la musique de base), ne fait pas vivre ses musiciens. Mais, me dires-vous, ici reste le même dilemme : qui vit de la musique aujourd’hui, du côté musiciens ? le paradigme est le même que celui des mouvements sociologiques en matière de développement économique. N’oublions jamais, que la culture et les loisirs, sont les marqueurs des sociétés en développement, si elles n’en sont les racines. Il y a dans cette bande d’amis le gratin de la musique de jazz nationale : Claude BRISSET : Basse, Philippe DALLAIS : Batterie, Olivier HUTMAN : Piano, Matthias MAHLER : Trombone, Yann MARTIN : Trompette, Michael NICK : Violon, Thomas SAVY : Clarinettes, Pierre WEKSTEIN : Sax, Direction Musicale.
Essentielle à a culture juive d’Europe de l’est, transmettant une tradition tant musicale que narrative, la musique klezmer devient aujourd’hui, via le jazz, les groupes électros éclectiques et les ensembles folkloriques une présence culturelle réelle, positionnée, enfin. Le brillant groupe Klezmer Nova lui donne la beauté d’un swing authentiquement klezmer dans une modernité jazzistique de hautes notes.

Juillet 2009
Après 4 ans passés à la Réunion, Pierre Wekstein est de retour en métropole pour poursuivre sa carrière de compositeur, de musicien et d'enseignant. Il a passé la main à Nicolas Maillet, le clarinettiste qui faisait vivre à ses côtés la section cuivres du groupe depuis son origine. Le nouveau Piwek se nomme Kochki Ora (la valse du chat en russe) et voit l'arrivée de Raphaël Boutonnet à l'accordéon, et de Yann Costa, ingénieur du son.

Avril 2007
PIWEK, klezmer à la Réunion
On cherchait partout le saxophoniste-compositeur-arrangeur Pierre Wekstein, fondateur du groupe "Orient Express Moving Shnorers", rebaptisé ensuite "Klezmer Nova", dont il a été tout à la fois le producteur, le compositeur, l'arrangeur et l'un des musiciens. Et voilà qu’on le retrouve installé à la Réunion où il a créé au début de l’année 2006 le groupe Piwek avec quatre complices réunionnais : David Félix à la basse, Eric Lucilly à la batterie, Youric de la Cuvellerie à la guitare, Nicolas Maillet aux clarinettes. Leur premier concert a eu lieu à Saint-Pierre le 21 juin 2006 pour la fête de la musique. L’île de la Réunion peut se prévaloir d’une scène musicale effervescente, un chaudron bouillonnant des cultures du monde, dans lequel Pierre Wekstein et ses musiciens s’en donnent à cœur joie. Piwek tourne dans les salles de l'île et dans l'océan Indien.

http://www.klezmernova.com/LE-GROUPE

https://www.youtube.com/watch?v=1f0NoqbUSYU

https://www.youtube.com/watch?v=tshm1jjx0zY

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